ou pourquoi les partis politiques en suisse ne représentent plus la vox populi.
Le devoir de réserve.
Le devoir de réserve en politique suisse est un principe qui permet aux membres du gouvernement fédéral de garder leurs opinions personnelles en réserve lorsqu’ils communiquent publiquement. Ce même devoir de réserve est appliqué par la plupart des partis politiques en Suisse. En d’autres termes, le parti ou le gouvernement doit présenter une position unifiée et ne pas exprimer publiquement un désaccord ou une opinion individuelle sur les décisions prises ou les consignes de vote (d’ailleurs nous reviendrons sur les principes des consignes de vote dans un autre article).
Ce principe vise à assurer la cohésion et l’unité, en évitant que les divergences d’opinion entre les membres ne deviennent des débats publics. Il reflète la nature consensuelle de la politique suisse, où la collaboration et le compromis sont valorisés.
Le devoir de réserve contribuerait à la stabilité et à l’efficacité du gouvernement ou d’un parti en permettant aux différents membres de travailler ensemble malgré leurs différences idéologiques.
Ce principe, en même temps, présente certains dangers pour une démocratie, notamment :
1. Manque de Transparence :
Le droit de réserve peut limiter la transparence en empêchant les citoyens de comprendre les débats et les désaccords au sein d’un parti ou du gouvernement. Cela peut rendre plus difficile pour le public de tenir les responsables politiques individuels responsables de leurs positions. Les démissions de Madame Virginie Maret et de Mme Céline Lugon supputées à leurs devoirs de réserves n’ont à l’époque pas permis le débat démocratique qui aurait été nécessaire, débats d’ailleurs muselés dans quasiment tous les partis de suisse. ( https://www.rts.ch/info/regions/valais/12876702-le-devoir-de-reserve-autour-de-la-pandemie-cree-des-tensions-chez-les-verts-valaisans.html )
2. Limitation de la Responsabilité Individuelle :
En présentant une position unifiée, il peut être difficile de déterminer la responsabilité individuelle des membres du gouvernement ou du parti pour les décisions prises. Cela peut réduire la capacité des électeurs à évaluer et à juger les actions de leurs représentants.
3. Risque de Conformisme :
Le droit de réserve peut encourager un conformisme qui étouffe le débat et la diversité des opinions. Cela peut conduire à une pensée de groupe et limiter la capacité du gouvernement à envisager une gamme de perspectives et d’approches.
4. Diminution de la Confiance Publique :
Si le public perçoit que les désaccords et les débats sont cachés, cela peut éroder la confiance dans le gouvernement, les partis et les institutions démocratiques.
5. Impact sur la Liberté d’Expression :
Le droit de réserve est une restriction de la liberté d’expression, limitant la capacité de chacun à exprimer librement ses opinions et convictions.
Il ne respecte donc pas l’article 16 alinéa 2 de la Constitution fédérale de la Confédération suisse. (2 Toute personne a le droit de former, d’exprimer et de répandre librement son opinion. )
6. Possibilité de Manipulation et d’Abus :
Dans certains cas, le droit de réserve pourrait être utilisé pour masquer des désaccords profonds ou des problèmes au sein du gouvernement ou d’un parti, permettant ainsi à des problèmes sérieux de rester non résolus ou d’être manipulés à des fins politiques.
En somme, bien que le droit de réserve voudrait avoir des avantages en termes de stabilité et de cohésion, il présente des risques importants qui affectent la transparence, la responsabilité, la confiance publique, et d’autres valeurs démocratiques fondamentales.
Qu’en pensez-vous ? devrions nous faire le nécessaire pour abolir ce « devoir » de réserve ?